Au fait ! Corot est né quand?
Dans les scénettes de théâtre, qui seront jouées le 7 juillet 2024 à Lormes, nous commençons par un monologue de Jean-Baptiste Camille Corot qui se présente et qui revient sur sa période de jeunesse. La scène se passe le jour où son père a, enfin, accepté qu’il devienne peintre au lieu de drapier. Nous sommes le 16 juillet 1822, c’est le jour de ses 26 ans. Écoutons-le !
Acte 1 : prologue
« En ce jour du 29 juillet 1822, ( 29 Messidor de l'an IV), me voici là, sur le devant de la scène. Je me nomme Jean-Baptiste Camille Corot. Mes parents m’appellent Camille, mais ils souhaitent ma fête à la Saint Jean-Baptiste.
Je suis né le 16 juillet 1796, au numéro 125 de la rue du Bac, à Paris. Notre appartement est au-dessus de la boutique de mode de ma mère, en face du pont royal. Son magasin, ouvert en 1801, a grand succès auprès des femmes du monde » …
Mais en fait, la date du 16 juillet 1822 est-elle juste ?
Cette question se pose parce que le calendrier révolutionnaire (ou républicain) n’a pas en correspondance exacte avec le calendrier grégorien qui est finalement retenu à nouveau par Napoléon.
Le 24 octobre 1793, la Convention nationale déclare l’avènement du calendrier « révolutionnaire ». Cet acte est signé par Fabre d’Églantine. Le début de la nouvelle ère est fixé à l'équinoxe de l'automne précédent, le 22 septembre 1792, jour de la proclamation de la République. Ce jour devient ainsi le 1er vendémiaire de l’an I.
Ce calendrier marque la volonté des révolutionnaires d'adopter en remplacement du calendrier grégorien, un système universel s'appuyant sur le système décimal, qui ne soit plus lié, ni à la monarchie, ni au christianisme.
L’annuaire républicain ou le « décadier », car c’est ainsi qu’il faut l’appeler, supprime toute référence aux saints. Ceux-ci sont remplacés par des personnages de l’Antiquité, des célébrités contemporaines, et surtout des éléments de la nature. Les semaines font place à des décades: Primi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et decadi ! Les cinq jours complémentaires célèbrent les fêtes nationales ; elles sont appelées les Sans-Culottides : Fêtes des Vertus, du Génie, du Travail, de l’Opinion, des Récompenses.
Mais alors, quand s'arrête le calendrier républicain ?
L'abandon du calendrier révolutionnaire (ou républicain) date du 9 septembre 1805. Le 22 fructidor an XIII, par un senatus-consulte impérial (9 septembre 1805), l'empereur Napoléon, sur un rapport établi par le mathématicien Pierre-Simon de Laplace, signe l'abrogation de ce calendrier qui est appliqué jusqu'au 11 nivôse de l’an XIV (31 décembre 1805). Le calendrier « romain » (grégorien) est rétabli. Ainsi prenait fin, après 12 ans, 2 mois et 27 jours, le parcours de ce calendrier instauré par le décret d’octobre 1793.
Alors, ce jour de naissance de Corot ?
Pour approfondir notre connaissance de la vie et des œuvres de Corot, nous avons fréquenté ces derniers temps, assidument la bibliothèque nationale de France sur le site dit Richelieu. Les bâtiments et salles rénovés sont magnifiques. Mais il faut se détacher des deux grandes salles de lectures du rez-de-chaussée, laissant là une éventuelle lecture de la biographie de Brigitte Bardot, pour aller, après une prise spéciale de rendez-vous, dans la salle de lecture de la réserve des estampes et dessins.
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| crédit photo : Jean-Louis Mucchielli |
Après avoir traversé les appartements de Mazarin, dans l’aile opposée des grandes salles, nous nous retrouvons dans une petite salle de lecture.
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| crédit photo : Jean-Louis Mucchielli |
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| crédit photo : Jean-Louis Mucchielli |
Là, grâce à une côte récupérée dans un fichier numérique que l’on confie à la responsable de la salle, on vous affecte une place, en vous demandant de n’utiliser qu’un crayon papier afin ne pas abimer les documents originaux. Puis, un magasinier vous apporte, après un certain temps, une ou deux boites renfermant quelques secrets.
En l’occurrence, il s’agissait ici de divers carnets et manuscrits appartenant à Alfred Robaut, le biographe et ami intime, jusqu’à sa mort, de Jean-Baptiste Camille Corot. Ces documents ont été remis en legs à la bibliothèque nationale lors de la succession d’Etienne Moreau-Nelaton (collectionneur, historien d’art, membre de l’académie des Beaux-Arts et peintre qui a finalisé le catalogue raisonné d’Alfred Robaut sur Corot) ?
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| crédit photo : Jean-Louis Mucchielli |
Les ouvrir, les uns après les autres, nécessite une précaution extrême.
De belles surprises et informations sont enfin dévoilées. Nous lisons de nombreuses coupures de presse de l’époque, des lettres, félicitant Alfred Robaut et Moreau-Nélaton de la sortie de leur catalogue raisonné, ou de personnes qui ont un Corot chez elles, et contemplons quelques dessins, etc.
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| crédit photo : Jean-Louis Mucchielli |
« Ce n’est pas le 29 juillet 1796 que Corot naquit.
Comme il l’a répété toute sa vie, mais le 17 de ce dit mois, attendu qu’à l’État civil, relevé sur les registres du lycée de Rouen, on lit que l’enfant est né le 29 messidor an IV.
Or le premier jour de messidor commençant au 19 juin, il s’en suit qu’en comptant vingt-neuf-jours, à partir du 19, on arrive exactement au dix-sept juillet. D’où il résulte que Corot était plus vieux qu’il le croyait- de douze jours.
Dans la mesure où ce billet manuscrit est barré de bas en haut par la mention « vérifié »
(est-ce vérifié ou bien « à vérifier » ?), nous lançons nos adhérents détectives amateurs sur cette piste pour savoir si Alfred avait vraiment raison ! Sachez qu'il y a encore sur le net une hésitaiotn entre le 16 et le 17 juillet ! Nous vous conseillons aussi d’aller visiter cette magnifique bibliothèque nationale, rue Richelieu, à Paris.
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